En plein cœur du virage numérique, les experts-comptables ont tout à gagner à adopter une stratégie pour ne pas le rater. Si la transition peut s’avérer profitable, elle peut aussi être mortifère en raison de la modification profonde non seulement de la pratique de la profession mais aussi de l’utilité du cabinet pour les clients. Etat des lieux des enjeux et outils d’une transition numérique réussie.
L’expert-comptable en passe de devenir plus expert que comptable
A l’heure où la transition numérique s’immisce dans de nombreux domaines, la profession d’expert-comptable n’est pas en reste et voit le centre de gravité de sa mission traditionnelle se déplacer vers plus de service de conseil et moins de production comptable. L’émergence de nouveaux outils banalise les tâches classiques à tel point que le métier a tout intérêt à s’adapter s’il ne veut pas, dans un premier temps, voir le niveau des prix pour une tenue de comptabilité chuter et, dans un second temps, disparaître. Pour Philippe Barré, expert-comptable et commissaire au compte, « il va falloir s’adapter et cela commence aujourd’hui ! »
La comptabilité, qui représente 47 % du chiffre d’affaires d’un cabinet d’expertise comptable, est vouée à être supplantée par les algorithmes. L’automatisation des missions à faible valeur ajoutée représentera un gain de temps pour l’expert-comptable qui pourra l’utiliser pour répondre aux attentes de l’entreprise (aide à l’embauche, au développement ou à l’investissement).
Le comptable est vu comme un expert de confiance par 94 % des entreprises. En tant que partenaire privilégié, il s’agira de penser accompagnement plutôt que tenue comptable. En clair, de ne pas se placer sur le même terrain que la machine et de devenir plus expert que comptable. Non seulement cet effort pour redonner du sens à la mission dynamisera l’image du cabinet, mais l’optimisation des tâches répétitives lui apportera un gain de productivité non négligeable.
D’un point de vue interne, les cabinets vont devoir penser, comme toute autre entreprise, concurrence, management, e-réputation, marketing… Face à des structures 100 % digitalisées telles que Legalstart ou Contract Factory, le marché est austère. La mise en place d’une stratégie sera nécessaire pour ne pas rater le virage numérique.
Les outils de CRM (customer relationship management) se sont beaucoup démocratisés. Ils permettent à un cabinet d’expertise comptable d’optimiser le temps consacré à la conquête et au suivi des nouveaux clients.
Une des conséquences de la transformation numérique est la nécessité de stocker et gérer de grands volumes de documents, papiers et numériques. Les outils dits de gestion électronique de documents ou GED existent depuis plusieurs années et ont acquis une maturité. A l’origine réservée aux grandes entreprises et administrations, la GED est désormais accessible aux structures plus restreintes, avec des solutions adaptées à tous les besoins et budgets.
La Plateforme des Outils Numériques initiée par l’Ordre des experts-comptables Paris Île-de-France accompagne la profession dans cette transition digitale à l’aide d’un outil de veille technologique collaboratif. Le comité numérique met à sa disposition une solution digitale, évolutive, publique et gratuite, pour recenser les logiciels liés aux missions de l’expertise comptable. Outre une actualisation permanente des nouveaux outils, cette plateforme se veut participative de deux façons : la proposition d’un nouvel outil par un confrère d’un côté, la notation et les commentaires constructifs de l’autre.
Enfin, de nombreux organismes ont développé des formations ouvertes à tous et gratuites, qui constituent une bonne entrée en matière pour appréhender la transition numérique. L’Ordre des experts-comptables a ainsi mis en ligne la plateforme Cap sur le numérique qui propose un grand nombre de formations sous le format MOOC (Massive Open Online Course) : un contenu de qualité accessible en ligne, qui s’adapte donc parfaitement à chaque emploi du temps.